Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
A bord de Nymphaea
22 juin 2020

Entre Calvi et la Ciotat 22 juin 2020

Dimanche  21 juin 2020 nous quittons Calvi

Nous sommes dimanche, c'est le premier jour de l'été. Il fait grand beau en mer, le vent vient de s'arrêter,  notre Volvo ronronne à  1600 tours.

Nous sommes partis le 8 juin, voilà donc 13 jours que nous naviguons, que nous faisons des escales, que nous nous promenons sans autre but que de passer du bon temps. Et on en passe croyez-moi. Pourquoi donc on se casserait la tête ? Ça  ne ferait plaisir à  personne, ou alors à des gens à qui on n'aurait justement  pas envie de faire plaisir…

La mer est plate, ce n'est pas ce qu'on appelle une mer d'huile, il n'y a pas de houle à proprement parler et les mouvements du bateau sont juste là pour nous rappeler que nous sommes en mer. Le pilote automatique est à l'aise, les corrections sont infimes et la trace est rectiligne à l'écran du GPS.  Nous ne sommes pas nombreux en mer. Au départ ce matin,  nous avons vu au plus 5 voiliers qui devaient faire des ronds dans l'eau pour la journée vu que c'est dimanche. Et quand la côte s'estompe, il n'y a plus personne sauf les vieux briscards que nous sommes.

Il est 16h30 nous avons fait 37 nautiques, il en reste 103 pour atteindre La Ciotat. Et pas de vent annoncé pour quelques temps. Pendant mes calculs, voilà que Gilles qui est à la barre s'égosille: "un homme à  la mer". Connaissant l'artiste, je suppose qu'il a une grosse envie de plonger. J'attends le "plouf", rien ne vient. Le dossier accroché à la filière, dont le rôle est de soutenir confortablement le dos du barreur pendant sa somnolence à la barre vient de tomber à l'eau. Il flotte, il faut le repêcher. Il a fallu s'y prendre à  trois fois ! Oui, 3 fois ! Et nous étions au moteur, sans voile sortie, par un temps de demoiselle… A ce moment, voyant le déroulement des opérations de secours, je comprends que mon espérance de vie serait extrêmement réduite sur ce bateau, ou alors pire, que je doive subir une agonie lente et douloureuse si je devais subir le sort du dossier. Certes ils me ressortiront de l'eau, j'aurai bien eu le temps de réciter l'acte de contrition, appris avec tant de difficultés durant mon enfance, au moins trois fois pour être sûr d'avoir été entendu, après avoir eu le temps d'en retrouver les paroles oubliées ces 60 dernières  années pendant lesquels je n'en ai pas eu le moindre besoin, j'aurai également attrapé une congestion, avalé mon poids en eau et reçu je ne sais combien de coups de gaffe sur la tête … Vivant après  tout ça est-ce encore de la chance ?

Mais non ! Je ne me moquais seulement un petit peu ! D'ailleurs, j'ai participé un tout petit peu à la manœuvre.

Et pendant ce temps, le CROSS MED a envoyé  3 messages pour demander d'aller secourir des bateaux en panne moteur. Un dimanche de beau temps oblige...

Tout est revenu dans l'ordre, Roland a pris la barre, pour faire reposer Marcel notre pilote automatique, Gilles observe la côte corse en train de disparaître sous la brume.

Il est trop tôt pour voir le continent. Et toujours pas de dauphins, ni de baleines à  notre grand désespoir; que leur avons-nous donc fait pour être ainsi fâchés ? 

Bientôt  21h00, Roland va prendre son quart pour 3h00. Je le relaierai à ce moment. Je vous quitte le temps de prendre une photo du coucher de soleil. 

20200621_205905

Cette nuit, pas de lune elle se couche à 21h36 pour se lever à  5h52, j'espère que le  ciel sera clair, car cela  rend la navigation moins pesante.

Il y a du monde en mer, ce n'est pas comme la dernière nuit.

20200621_211658

Sur la photo, notre bateau est celui qui est au centre du cercle. Aucun n'a une trajectoire menaçante pour l'instant. Les plus proches sont entre 4 et 5 nautiques.

La côte corse est encore visible, et celle du continent a déjà émergé depuis un moment, on la confond avec les nuages.

Une houle un peu longue s'est levé. Si ici, nous avons un temps très calme, dans le golfe du lion, un peu plus à l'ouest vers Marseille, il ne fait pas bon y être, sauf à aimer se faire chahuter dans des vents de 30 nœuds.

C'est à mon tour de faire le quart. Je relève  Roland qui me signale que justement il n'y a rien à signaler, tout juste qu'il y a du trafic, mais on n'est pas dans le rail d'Ouessant. La côte  n'est pas visible, on ne voit pas les lumières de la ville, seul un halo plane au-dessus, montrant que la civilisation est bien là. Les phares ne portent pas assez loin pour pouvoir être visibles: nous sommes à 36 nautiques de Porquerolles, et celui de l'île est visible jusqu'à 29 nautiques.

Nuit noire, les étoiles et la voie lactée  sont bien visibles. Un coup d'oeil à la carte me dit qu'il faut rectifier la route, j'irai le faire quand je remonterai dans le cockpit.

Le feu de Cap Camarat vient d'apparaître,  4 éclats avec une fréquence de 15 secondes visible a 26 nautiques, c'est aussi le plus proche. Puis viendra le phare du Titan sur l'île du Levant, en limite  de visibilité pour l'instant. 

J'ai fait 1h30, encore autant, les yeux se ferment. Pas de radio pour rester éveillé. Je vous quitte pour aller somnoler dans le cockpit.

Lundi 22 juin 2020

Nous continuons toujours notre route vers La Ciotat, sous le soleil, sans vent, à  5 noeuds. Avec la houle, certaines vagues brisent notre vitesse. Il y a de la circulation autour de nous.

13h30 nous doublons les Embiez, dans 1h30 nous arriverons à la Ciotat.

Arrivée à La Ciotat. Gilles ne reconnait plus la ville. Les ouvriers ont disparu. Pas une manif, le local CGT est devenu une gelateria. Les pauvres ont disparu ! C’est que les travailleurs et les travailleuses sont devenus riches. Le mystère est éclairci. Comme à St Trop ! Le quai auquel nous nous amarrions existe toujours, sauf que les bateaux y sont amarrés aujourd’hui sont 10 fois plus longs.

Aller à la capitainerie et revenir, à pied bien sûr, c’est 900m, G.maps le confirme. Pour la douche ce sera la même distance. Nous attendons que le soleil décline un peu pour aller à la douche et en profitons pour aller prendre une glace.

Ce soir nous irons au resto, une soupe de poisson ou une bouillabaisse serait de bon ton.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
A bord de Nymphaea
Publicité
Archives
Publicité