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A bord de Nymphaea
14 octobre 2019

Mouillage Arbatax, Elbe

Mouillage Arbatax, Elbe

vendredi 11 octobre 2019

Retour vers le nord.

Départ de Cagliari pour un mouillage. C’est à Porto Pirastu que nous passerons la nuit. Tout s’est très bien passé. Pas de bruit, pas trop de vent mais suffisamment pour nous empêcher de dormir.

A ce propos, je pense qu’il serait bon de voir comment est perçue la notion de mouillage sur Nymphaea par chacun de nous trois.

Selon Gilles:

Un mouillage d'abord, ça fait du bien ! Et puis on est seuls, devant des beaux paysages, on peut piquer des têtes quand on veut. L'eau est claire, on voit le fond, et les poissons. On espère voir des sirènes, mais on n'en voit pas beaucoup.

Selon Roland:

La notion de mouillage est abordée par la côté technique. Il faut d’abord s'assurer que le fond accroche bien, que la pente du fond soit douce jusqu'à la plage, qu'il n'y ait pas rochers, pas de posidonies... il faut également faire attention à ce que la longueur de la chaîne soit 3 fois plus longue que la profondeur.

Très bien, Roland, nous avons entendu ton avis sur le mouillage, mais est-ce que tu aimes les mouillages ?

Oui, si on peut dormir la nuit et que ça ne remue pas sans cesse.

Merci Roland, ne serait-ce pas une réponse mitigée ? Ni chaud ni froid quoi ! 

Selon JP

Le concept est très intéressant et ce, à plusieurs titres. En effet, faire un mouillage permet de ne pas payer un emplacement dans un port, ce qui constitue une économie substantielle dans le budget d'une croisière. C'est à peu près le seul avantage que je lui trouve. Etant si peu adepte de la baignade, j'allais oublier que le bateau est un excellent plongeoir pour profiter de la mer. Mais après vous être baigné pendant une demi-heure pour les plus sportifs, faut bien remonter à bord et y faire quoi ?

Si vous tombez en pamoison á la vue du soleil qui se couche sur une plage de sable blanc peuplée de palmiers, et que vous ratez un tel mouillage, ce serait à l'évidence une grossière erreur, avec des regrets pendant des années. Il faut cependant le trouver ce mouillage de rêve. Et si vous, vous le trouvez, dites-vous bien que d'autres l'auront déjà trouvé avant vous. Et jusque tard dans la nuit, d'autres encore le trouveront, et alors, bonjour les chansons de marins, les paillardes, les cris, les bruits de bouchon, les ploufs à la mer... Vous croyez vraiment que vous allez pouvoir dormir? Et les chaines des ancres qui vont se croiser... Et le gars arrivé après vous qui a jeté son ancre à côté de vous, qui vous demande au milieu de la nuit de vous reculer parce que son ancre à lui a dérapé ? C'est du vécu, n'est-ce pas Roland ?

Quand vous aviez prévu votre mouillage, la météo vous avait promis du beau temps pour la nuit. Mais la nuit, les promesses s'oublient et le zéphir est un peu plus fort, un peu plus soutenu. Vous ne dormez plus, vous allez voir si l'ancre tient, vous vérifiez pour la quatrième fois que l'alarme de mouillage est bien réglée. Elle se déclenche, vous augmentez la distance. Bref, vous prenez la frontale avec un bouquin et allez vous geler le reste de la nuit dans le cockpit, et sans pouvoir lire !

L’affaire est close … jusqu’au prochain mouillage

 

Samedi 12 octobre

Arbatax est un port que nous avons bien apprécié. Il n'est pas grand, la capitainerie est accueillante, tout le monde est sympa. Ils ont tout de suite répondu à l'appel VHF que Roland avait lancé en anglais en entrant dans l'avant port. Le marinero nous a attendus, il n'a pas plaint sa peine pour nous amarrer. Le tarif est des plus raisonnables. A propos des sanitaires, je n'ai aucune critique à émettre, vu ce que l'on a connu. Propres, eau chaude et gratis !

Le mouillage d'hier a fait fondre toutes nos vivres, il a fallu reconstituer les stocks. Pensez donc, quand il n'y a rien à faire, on mange et on boit !

Le super marché n'est pas loin du port, mais il faut contourner la vieille voie ferrée qui sert désormais au petit train touristique. Pas de pastis, mais on s'y attendait Roland et moi. Il faudra se rationner jusqu'à l'île d'Elbe. J'ai toutefois pu remplacer la bouteille vide de Limoncello. Et puis il reste encore du rhum Charette. Les tomates, nous avons renoncé d'en acheter car ici, ils les vendent encore vertes. Nous avons craqué pour des mandarines magnifiques, qui se révéleront plus tard par chacun de nous impropres à la consommation, c'est dire comme elles étaient deg... La salade n'a pas retenu notre attention. Le pain non plus, hormis un pain de mie car il faut bien se nourrir tout de même. Le raisin présentait bien.

Gilles a réussi à trouver une boulangerie ouverte qui était fermée ! Vous avez compris ? moi pas, mais c’est ce qu’il nous a dit.

Nous nous réjouissions à l'idée de passer une nuit calme et réparatrice après le mouillage d'hier. La nuit venue, une sono est venu remplir l'espace sonore avec des chansons romantiques italiennes, et ce jusque tard dans la nuit, ce qui donna un argument supplémentaire à Gilles en faveur des mouillages. Argument que j'ai vite réfuté car les guinguettes des plages ne sont pas en reste du fait qu'elles sont isolées, et elles en profitent.

Nous avons cependant bien dormi. Pas de houle. C'est à 6 heures du matin que l'alarme nous réveille pour le départ. Petit déjeuner copieux comme à l'habitude, pain grillé avec beurre et confiture. Gilles et Roland sont très forts dans l'art de le préparer. C'est un métier ! Je ne prendrai pas le risque de les décevoir en le préparant moi moi-même, et de plus, je risquerais de les vexer. Tant pis, je prends sur moi. C'est ça l'abnégation: savoir se sacrifier.

La sortie du port est sans surprise. Sitôt en dehors, nous établissons la grand-voile. Pour mettre le génois, nous devons attendre que la lessive de Gilles soit sèche. Oui, il faut dire que les écoutes de génois, une fois tendues, elles ne battent pas au port avec le vent et de plus, Gilles s'en sert d'étendage. Roland et moi le laissons faire, tant qu'il n'installe pas de parabole, ça ne nous dérange pas trop.

Et il n'y a plus de vent. Moteur. 

Nous avons un voyage de 180 miles pour arriver à Portoferraio. Donc 36heures si nous naviguons à 5 nœuds. Chacun commence à s'occuper car il va falloir tuer le temps. Le soleil commence à poindre, il est au-dessus de l'horizon, mais dans les nuages. Gilles nous fait entendre le sketch de Coluche en vacances à propos du lever et du coucher de soleil. Bien que souvent entendu, il nous fait toujours rire autant.

La chaleur monte. J'enlève ma deuxième polaire en gardant tout de même la première dessous.

Gilles qui aurait soi-disant encore mal dormi part se reposer dans sa cabine. Avec le bruit du moteur, ça ne va pas arranger les choses. Roland se relance dans la pêche. Il monte une nouvelle ligne. Je viens à son secours pour démêler son paillasson. Il réussit à les installer toutes les deux, laissant présager un espoir irraisonné de pêche miraculeuse comme il l'a appris au catéchisme.

Est-il besoin de vous raconter ce passage de l'évangile de Luc? Vous le connaissez tous, plus ou moins oublié par votre mémoire, mais je suis certain que Gilles ne le connait pas. Il doit savoir pour connaitre ce qui l'attend.

Cela se passait donc sur le lac de Genesareth. Pour se faire entendre de la foule, Jésus monta dans la barque de Simon qui était pêcheur, il s'assit et s’adressa à la foule. Après avoir fini de parler, il demanda à Simon de s'éloigner et de jeter les filets. Simon dit à Jésus "nous avons pêché toute la nuit et n'avons rien pris, mais puisque tu me le demandes, alors j'obéis ". Quand il retira son filet, il était plein à craquer. C'est ainsi que Simon Pierre abandonna la pêche pour devenir disciple de Jésus et ainsi pêcheur d'homme.

Donc Gilles, si Roland nous fait une pêche aussi extraordinaire que celle que Luc (l'évangéliste, pas celui qui nous avait accompagné à Malte et qui s'est retiré à Fourneaux!) nous rapporte dans son évangile, il te faudra bien reconnaître le caractère divin de cette pêche et transformer ta vie pour devenir à ton tour disciple de Jésus. Certes il faudra te plier aux règles de ta nouvelle vie. La plus dure pour toi sera de faire carême. Ce n'est pas compliqué : pendant 40 jours consécutifs, jour comme nuit car ce n'est pas le ramadan, tu devras jeûner, ne pas manger de friandises, donc pas de glaces. Ce n'est pas long 40 jours par ans, tu verras. En revanche, tu ne devras pas manger de viande, ni de charcuterie, ni grattons, jambon ou saucisson tous les vendredis de toute l'année.

Gilles vient de se réveiller. Le cauchemar est fini Gilles, c'est un mauvais rêve, Roland vient de rentrer ses lignes, il n'y a plus de risque ! De toutes façons, avec 1 ou 2 prises, ça n'aurait pas été une pêche miraculeuse, tout juste un accident.

Parfaitement réveillé et conscient de ce qu'il a failli vivre, il s'octroie une petite collation et décide de réparer ses chaussures avec les instruments de couture pour voiles. A bord, nous recrutons dans toutes sortes de métiers, jusqu'à maintenant on privilégiait les cuisiniers, les électriciens et les plombiers. Aujourd'hui nous avons notre bouif. Après m'être assuré de sa compétence, je lui ai apporté une mule à réparer, il m'a fait une belle couture en échange de quoi je lui ai promis d'être gentil avec lui dans mon blog.

Dire que je lui ai fait une promesse que je ne pourrai pas tenir, je m'en veux un petit peu, mais je ne peux pas m'en empêcher. Si je dis du bien de tout le monde, je vais perdre mes lecteurs un par un! Et je vivrai de quoi ?

 

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Pendant que j'écris je vois Roland qui range son matériel de pêche. D'un air qui se veut intéressé, que d'autres qualifieraient de moqueur, je lance un "alors, ca mord?", et, style Pierre Mondy, il me répond "non pas vraiment, j'ai perdu la planchette" et il va se coucher, déçu, visiblement affecté. 

C'est à ce moment que je comprends tout: je comprends pourquoi Jésus n'a pas choisi Roland pour la pêche miraculeuse, il fallait pour cela que le pêcheur l'aide un peu pour faire le miracle, et là, il a vu qu'il n’y avait pas d'espoir et c'est comme cela qu'il a choisi Simon Pierre. C'est beaucoup mieux comme ça ! Simon Pierre a fini pape ! Vous imaginez ce qui aurait pu arriver ?

Il est midi, il va falloir que j'aille réveiller Roland pour lui apporter le réconfort d'un viatique à l'anis. Gilles surveille la marche de Nymphaea, il aura droit à son eau "frizantée".Je vais attendre qu'ils en manifestent l'envie car nous sommes en rationnement en ce qui concerne le pastis.

J'espère que Roland ne sera pas fâché malgré tout ce que j'ai dit de ses qualités de pêcheur parce que de nous trois, il faut reconnaitre que tous comptes faits et de loin, c'est lui le meilleur.

Gilles est en train de lire une histoire de Napoléon sur sa vie à l'île d'Elbe. 

Cela me donne l'envie d'aller chercher un autre bouquin sur l'île. En cherchant le livre, je m'aperçois que j'ai les doigts pleins de crème. Ce sont les nougats que Roland avait achetés, ceux qu'il nous avait prié de bien vouloir manger car ils coulaient.

Je ne comprends rien aux nougats! C'est une spécialité de Montélimar. C'en est une de Barcelone, de Cadix, et encore de Sardaigne car il les a achetés à Alghero. Si c'est une spécialité de partout, ce n'est plus une spécialité ! Et puis quand c'est mou, ça colle et vous perdez une couronne, quand c'est dur vous vous cassez une dent! Et pour qui on achète ces nougats? Pour les petits enfants! Romain et Magali, faites gaffe quand Roland vient avec des bonbons pour les enfants! Sandra et Jean-Michel, je vous promets de ne plus vous en ramener.

Il est 1h, nous venons de prendre une tranche de jambon cru qu'a ramené Gilles. 

Le soleil est présent mais voilé. Ce n'est pas plus mal. Il fait 27,5 degrés dans le carré. La chaleur est supportable pour certains quand d'autres diront "il fait chaud!"

Pas de vent si ce n'est celui qu'on produit en avançant.

Voilà qui m'amène à sortir l'anémomètre. Les piles ont été remplacées, la notice téléchargée, mais nous ne connaissons pas les finesses de l'instrument. C'est le moment d'apprendre pour passer le temps. 3 nœuds de vent, c'est insuffisant, le moteur palie. Nous sommes assurés de ne pas avoir plus de 15noeuds  d'après les prévisions. Alors patience. 14h et nous avons parcouru 35 nautiques en 7h. Notre moyenne de 5 nœuds est atteinte. Il en reste 135 soit encore 27h de navigation et arriverons dans 24h + 3h soit lundi 14h+3h donc lundi à 17h00.

15h45, le vent est monté, ce qui n'a pas échappé à la vigilance de mes acolytes qui sortent le génois. Nous filons 6 nœuds après avoir coupé le moteur.

Je prends le temps de lire la vie de Napoléon à l'île Elbe. Si je ne me rappelle que de la moitié, je serai incollable sur l'empereur.

17h il reste 118 miles soit 24h à 5 nœuds, nous maintenons la même heure d'arrivée lundi 17h.

Le ciel est gris, la côte sarde s'éloigne, elle est surmontée par la brume. Nous sommes à la hauteur d'Olbia. Pas de dauphins en vue, pas de baleine et encore moins de sirènes.

Roland barre toujours à la main, sans le recours au pilote automatique. Gilles qui avait attaqué un bouquin de 800 pages en est à la 300ème.

19h00 Roland est à la barre quand il s'aperçoit qu'il est va droit sur un nid de chalutiers. Ils ont des trajectoires désordonnées, vitesse faible. L'AIS n'apporte pas des précisions essentielles, nous ne retrouvons pas les feux qu'ils devraient arborer. Tant que ça ne touche pas, on y va!

Gilles va commencer son quart à 20h, il sera remplacé  à 23h par Roland 

Je vais me reposer pour être frais à 2h et assurer la veille. Reposer est un grand mot car je n'ai pas trop forcé aujourd'hui, ni les autres jours non plus. On n'est pas là pour ça.

La mer est calme, nous marchons au moteur, je suis secoué modérément sur ma couchette, il est difficile de dormir. Le bruit de l'eau sur la coque me tient compagnie. Pas question d'écouter la radio nous sommes trop loin de la côte. Il n'y a qu'à dormir alors je dors.

C'est beaucoup dire.

L'alarme de mon téléphone me réveille à 1h45 comme je le lui avais demandé. Je vais voir le temps qu'il fait dehors, je salue Roland qui m'annonce qu'il fait frais. Pas si frais tout de même.

Le temps de m'habiller, de boire un coup, je suis prêt pour relayer Roland. Tout est clair, il n'a vu qu'un seul bateau et loin. Salut Roland et bonne nuit! Le temps est brumeux mais la lune est pleine et éclaire bien la nuit. Le quart est agréable dans ces conditions, mais c'est le début. Le temps de voir où on se situe sur la carte, faire le calcul de ce qui reste à faire, taper quelques biscuits dans les boîtes, faire quelques tours d'horizon, le temps passe assez vite la première heure.

Pendant que je vous raconte tout ça, il est déjà 3h. La VHF est bien calme, je vérifie qu'elle soit bien allumée. Je regarde l'AIS qui m'annonce un bateau à 12 nautiques. Sa route et son éloignement font qu'il ne nous menace pas, mais par curiosité je regarde ses infos. Pas de nom, il fait route au 355° à 12 noeuds et il serait à quai! Mais comment fait-il donc si loin de la côte ? Il aura tout simplement oublié de détacher une amarre probablement.

La lune se fait rattraper par un gros nuage noir. Mauvais présage. C'est peut-être bien la pluie annoncée. 

J'ai fait la moitié de mon quart. Et je n'ai plus rien à vous raconter. Je ne vais pas vous refaire le coup de l'évangile, je n'ai pas d'internet !

La lune est réapparue, bonne nouvelle. Pas plus de bateaux autour. Quand il y en a, on est inquiet, on a peur de ne pas être vus. Quand il n'y a rien, on se sent seul au monde.

La VHF recherche le bateau Yala et en français. Normal, on est revenu en France. 

Nous sommes à 30 nautiques de Montecristo. Il faudra éviter le petit caillou qui est à l'ouest de Montecristo, il est tout petit. Ce sera la tâche de mon successeur. Giglio est à une cinquantaine mais un peu plus a l'est.

Il est 4h00. Un petit remontant me fera le plus grand bien, genre Limoncello.

4h30, je vais attendre la fin de mon quart sur l'escaler de la descente, je pourrai somnoler en attendant la relève. 

Relève assurée : « Salut Gilles, pas de bateaux à l‘horizon, bon quart ! » Je ne traine pas pour aller me coucher.

 

8h00 Les voiles sont sorties. Le soleil est levé. La cafetière ne siffle pas, en mer c'est difficile de faire du café. Nous arrivons au niveau de Pianosa, on voit la tour qui balise le Scoglio Africa. Je n'ai pas réussi à savoir si les hauts fonds dépassaient de la surface de la mer. Nous sommes en vue de Pianosa.

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C'est à la latitude 42°25' que Gilles mets une petite laine. C'est signe que l'hiver sera rude.

Nous approchons Pianosa. Comme Montecristo, c'est une réserve, l'accès est interdit. Nous l'avons vu à temps. Nous n'avons pas franchi la limite, enfin si peu, l'épaisseur de la mine du crayon.

Le vent est soutenu, sur une distance de 15 nautiques nous avons fait une moyenne de 7.5 noeuds, avec une pointe de 10.5 noeuds !

Elbe est à peine visible dans la brume. GV et génois sont partiellement rentrés, le bateau a moins de gite et progresse tout autant. Il reste 13 nautiques pour arriver.

Nous sommes arrivés. Toujours le même bon accueil. Magnifique manœuvre de Gilles devant quelques spectateurs ébahis.

On va boire un coup et douche pour tout le monde.

 

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Commentaires
G
Super récit !<br /> <br /> Bonjour à tout l'équipage et je vous souhaite un bon retour.<br /> <br /> A bientôt,<br /> <br /> Gaëtan
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A bord de Nymphaea
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